Démographie et activité économique
Depuis le milieu du XX° siècle, la commune est devenue en grande partie un village résidentiel avec la disparition des exploitations agricoles réduites d’autrefois, où chaque petite ferme produisait presque tout ce qui était nécessaire à la subsistance des familles et des bestiaux. L’installation électrique avait été réalisée en 1912 et jusqu'à la décennie des années 1930, les habitants se sont contentés de l’eau pluviale de leurs citernes, qui recevaient toutes les impuretés, (fientes d'oiseaux, poussières et feuilles mortes tombées dans les gouttières...). En effet, l'eau courante provenant de la source du "Val" ne fut installée dans la commune qu'en 1932, avec un seul robinet sur l’évier de chaque maison et deux lavoirs publics, mais l’eau avait été surtout jugée nécessaire pour abreuver les bestiaux car il n’y avait à cette époque dans les maisons du village ni salles de bain, ni toilettes avec chasses d’eau... Certains habitants avaient même refusé d'engager des frais de raccordement au réseau de distribution d'eau car ils disposaient de citernes et jugeaient qu'il était inutile de recevoir l'eau à domicile! Les WC étaient encore vers 1950 de petits édicules (souvent des petites cabanes en bois) installés dans les locaux annexes ou les jardins, avec des tinettes mobiles qu’il fallait aller vider de temps en temps sur les fumiers des exploitations agricoles...
Plusieurs artisans ont travaillé à Saint-Dizier jusqu'à la décennie 1950 : un tailleur, un sabotier, un forgeron et maréchal-ferrant qui entretenait notamment les outils des tailleurs de pierre des carrières et un charron. Une sage-femme habitante du village pratiquait les accouchements à domicile car peu de femmes allaient à la Maternité ou à l'hôpital, sinon en cas de complications.
Les cultivateurs et éleveurs de bétail conduisaient le lait de leurs vaches avec une charrette à bras jusqu'à la laiterie qui était installée à l'emplacement actuel de la place centrale et qui a été gravement endommagée par l'explosion d'une mine le 15 juin 1940 et démolie vers 1960. Une autre laiterie-fromagerie a été aménagée, un peu plus tard, dans une vaste maison proche de cette place, qui est devenue actuellement une habitation.
Jusqu'à la deuxième guerre mondiale, il n' y avait qu'un seul poste téléphonique public dans la commune, auquel étaient transmis les télégrammes reçus par le bureau de poste de Delle. De nos jours, il y a plus de cent-quarante abonnés au téléphone dans le village, et un nombre de plus en plus grand d'habitants, ainsi que la mairie et l'école, disposent d'ordinateurs avec "INTERNET" et la liaison "extense haut débit ADSL".
Actuellement, l’agriculture est représentée par deux exploitations assez importantes, dont un "groupement agricole d’exploitation en commun" (GAEC). Il n’y a plus de petites fermes et les activités artisanales liées aux attelages de chevaux et au charronnage : maréchal-ferrant , forgeron, fabrication de voitures agricoles et cerclage des roues en bois, ont complètement disparu.
Exploitation agricole de M. Jean-Claude Michelat, qui élève 55 vaches laitières de race montbéliarde, dont le lait, collecté par la SAS franc-comtoise à Belfort, est utilisé pour la production de fromages Emmental et Cancoillotte. Les veaux femelles sont conservés pour le renouvellement du cheptel et les jeunes taurillons élevés jusqu'à 20 mois pour la boucherie.
Depuis les années 1970, il n’y a plus de boulangerie ni d’épicerie dans le village, qui est desservi par des camionnettes-boutiques venant de Delle, de Beaucourt et, pour des produits surgelés, de localités plus éloignées.
Trois "cafés" (débits de boissons avec parfois vente annexe d'épicerie), dont l'un était également le "Bureau de tabac" tenu par un mutilé de la guerre 1914-1918, étaient ouverts dans le village, avec des jeux de "billard russe" ou de "quillettes" et étaient fréquentés le dimanche après la messe par des jeunes gens du pays et en semaine surtout par les ouvriers des carrières qui y prenaient parfois pension. Il n'y a plus actuellement qu'un café-restaurant ouvert dans d'anciens locaux agricoles.
Plusieurs carrières fournissaient en effet des pierres de taille d'une qualité réputée dans toute la région, notamment pour les fortifications de Belfort, les édifices publics et religieux des environs et les écluses du canal du Rhône au Rhin. Les familles Reslin, Koenig, Nageotte, Frézard, Crevoisier... étaient connues pour l'exploitation de ces carrières et la taille des pierres. De nombreux monuments funéraires au cimetière témoignent encore de leur savoir-faire. C'est la raison pour laquelle il avait été nécessaire d'aménager la route entre Saint-Dizier, Lebetain et Delle pour le transport de lourdes pierres de taille en diminuant, par des lacets et des contournements, les pentes trop fortes pour les fardiers hippomobiles de l'époque. Actuellement, la carrière encore en exploitation ne fournit plus de pierres de taille, mais des cailloux et du sable pour le béton. Les excavations laissées par les anciennes carrières abandonnées posent à la municipalité un problème de comblement par des dépôts de matières inertes.
Dans le cimetière se trouve ce monument funéraire remarquable d’un ancien tailleur de pierres et exploitant de carrières (Joseph RESLIN-1828-1881) avec une pierre sculptée représentant tous les outils de son métier.
Cette tombe est un lieu de souvenir des "Compagnons du Tour de France", célèbre association d'apprentis astreints à une longue période de formation professionnelle, en apprenant à travailler dans toute la France, tout en bénéficiant d' une assistance mutuelle, avant de devenir "maîtres" et de pouvoir travailler à leur compte, surtout dans les métiers du bâtiment : maçons, tailleurs de pierre, charpentiers, menuisiers... mais également forgerons, maréchaux-ferrants...
Pour être admis dans la confrérie des "Compagnons du Devoir" les candidats à ce titre professionnel devaient présenter aux maîtres un "chef-d’oeuvre" de leur métier.
La pierre sculptée qui figure sur cette tombe est une telle preuve du savoir-faire professionnel d'un tailleur de pierres.
Un artisan électricien et un plombier ont leur atelier au Val de Saint-Dizier et un fabricant de bijoux de fantaisie au lieu-dit "sous les chênes".
Deux frères ont ouvert une entreprise "paysagiste".
Un élevage de jeunes lapins est installé depuis quelques années dans le village. Ces animaux ne sont pas "engraissés" sur place mais nourris dans une exploitation en Alsace.
Cette maison a été construite en 1843. Le pignon qui s’avance vers la rue à angle droit était l’atelier du maréchal-ferrant et forgeron. Au premier étage de la forge se trouvait un atelier de charron qui était tenu par le frère du forgeron. Toutes les machines (tour, perceuses …) fonctionnaient à la main à l’aide de manivelles. On remarque devant la forge une pierre circulaire en grès, avec un anneau scellé à son centre, qui était utilisée pour le cerclage métallique de roues de bois. Le cercle, chauffé presque au rouge à la forge pour le dilater, était mis en place rapidement sur la roue et refroidi aussitôt par un abondant arrosage à l’eau froide, pour en réduire le diamètre en évitant de brûler le bois de la jante.
Cinq générations de maréchaux-ferrants se sont succédés à Saint-Dizier, de Joseph Michelat (1705-1773) à Emile Michelat (1874-1949). Ce dernier avait encore appris le métier à son fils Paul (1910-1982) qui, mobilisé en 1939, fut prisonnier de guerre de 1940 à 1945 dans une région (Prusse orientale), aujourd'hui en Pologne (Marienburg près de Danzig devenu Gdansk). A son retour, il n'y avait plus beaucoup de chevaux de trait à ferrer à partir des années 1950 et le métier s'est perdu.
Les travaux des champs utilisaient en effet presque uniquement des chevaux de trait de race comtoise jusqu’aux années 1950. Il y avait très peu de tracteurs.
Ci-dessus, le maréchal ferrant vers 1910, en tablier de cuir devant son atelier, qui était à l'époque un lieu de rencontres et de discussions entre voisins. On remarque qu'il y avait déjà des poteaux de ligne téléphonique en 1910, mais pas encore l'électricité. On remarque aussi que les cartes postales de cette époque mentionnaient toujours l'appartenance au département du "Haut-Rhin"...
Le café-restaurant actuellement ouvert dans d'anciens locaux agricoles, est le
dernier commerce du village, à l'enseigne "du Grenier". Depuis 2010, M. et Mme Bandelier Jérome, nouveaux propriétaires, vous proposent une friture de carpe sans arête et des mets à la carte.
Réservation au tél. 09.54.95.21.63.
La boulangerie-épicerie du village était installée dans cette maison où chacun venait faire ses courses. Les achats étaient fréquemment inscrits sur un carnet arrêté périodiquement pour les paiements groupés. Une voiture-boutique hippomobile desservait deux fois par semaine le village de Croix avant la seconde guerre mondiale. A Saint-Dizier, il n’y avait plus qu’un dépôt de pain à partir des années 1960 et la boutique a cessé son activité en 1970.